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Pensez-vous que, d'ici à 2007, la laïcité va devenir un thème de campagne électorale ?
C'est un problème de stratégie électorale, de clientéle des uns et des autres : est-ce qu'on fait une segmentation de la clientèle, est-ce qu'on fait un saucissonnage des individus par catégories à l'américaine ou pas ? C'est un vrai débat interne au milieu politique sur la bonne manière de mener aujourd'hui une campagne présidentielle. Je ne pense pas qu'en dehors du milieu politique cette question de laïcité tracasse vraiment le "loustic" moyen.
Nicolas Sarkozy ou Manuel Valls ont-il raison d'arguer du retard dont souffrent les musulmans en matière d'édification de lieux de culte pour demander une modification de la loi de 1905 ?
Il y a un problème absolument réel qui est celui des lieux de culte musulmans mais cela se résume essentiellement à ça. Maintenant, quelle est la bonne méthode pour le résoudre ? Est-ce que cela implique de changer la loi ? Là, on entre dans l'effet d'annonce et d'affichage politique. Changer la loi, c'est jouer la politique de la reconnaissance, il y a ceux qui pensent qu'il faut utiliser ce genre d'arme et ceux qui pensent que c'est contre-productif.
Les religions ne sont pas vraiment demandeuses d'une modification de la loi de 1905. Elles critiquent surtout une interprétation "laïciste", notamment à gauche, qui veut cantonner strictement les religions à la sphère privée.
Seuls les protestants demandent clairement un "toilettage" de la loi.
Avec les protestants, on est vraiment dans la politique et dans l'effort désespéré d'une minorité peau de chagrin pour essayer d'exister. Ils font du bruit, mais ils n'ont pas beaucoup de divisions.
Propos recueillis par Catherine COROLLER