Le Mouvement Démocrate organisait samedi 4 avril 2009 sa deuxième Université Populaire intitulée « Panne de transmission, panne d’éducation ». Parmi les invités, Marie-Claude Blais sur le thème « famille et cole » et Marcel Gauchet qui est intervenu sur le thème « redonner du sens au savoir ».
Pour Marcel Gauchet, la question des savoirs est une des impasses de la pédagogie car le problème est posé de la façon suivante : les enfants s’ennuient à l’école, les jeunes s’ennuient au lycée, les étudiants s’ennuient à l’université. Conclusion : changeons les méthodes pédagogiques pour rendre les connaissances attractives ! Telle est la logique de la réforme Darcos du lycée : on crée des enseignements à options afin de susciter une demande naturelle de la part des élèves qui, du moins, ne pourront plus récriminer s’ils s’ennuient... Mais on ne se pose jamais la question de la place du savoir dans les sociétés dites de la connaissance. Or la culture a perdu son rôle traditionnel. L’humanisation passait par la capacité de s’élever au-dessus de la nature spontanée. Devenir humain impliquait de se cultiver, d’acquérir vis-à-vis de soi ce recul réflexif et cette maîtrise qui passe par l’accumulation de connaissances. On n’est pas affronté à un problème technique et pédagogique (le fonctionnement de l’institution scolaire) mais à un phénomène anthropologique : le postulat traditionnel de la curiosité, de la soif de connaissance ne semble plus valide. Ce socle de l’acte de transmission est ébranlé. D’implicites qu’elles étaient, les bases mêmes de la transmission des savoirs doivent être désormais explicitées. Les réponses demandent une intelligence collective et la délibération entre citoyens. Il faut refaire de l’éducation un véritable problème politique car la reproduction culturelle de nos sociétés n’est plus assurée.