« Pour comprendre le sentiment très profond remué par la mort du pape Jean-Paul II il faut distinguer le bruit médiatique de l'écho identitaire : les Européens se sont découverts historiquement chrétiens. C'est l'attachement à un cadre historico-politique dont le catholicisme est un pilier.
On n'enterre pas dix siècles d'histoire en quelques décennies de technocratie pleine de bons sentiments. Et ceux qui ont le plus besoin du discours religieux dans l'espace public sont les gouvernants eux-même, frappés par la trivialisation de leur fonction qui les transforment en super-chefs de la Sécurité sociale. La politique ne peut pas se réduire à une transaction d'intérêts, il s'agit aussi de condition humaine, de destin collectif. Le discours religieux permet de renouer avec un peu de transcendance collective. »
Marcel Gauchet, Le Figaro Magazine, 6 mai 2005